Construire en commun le Paris de l’humain et de la planète

Projet d’accord stratégique et programmatique PCF – Paris En Commun, L’écologie en action pour les élections municipales 2020 à Paris

A la veille des élections municipales de 2020, Paris est plus que jamais confronté à la tension entre le projet social, écologique et démocratique de notre majorité municipale et un mode de développement qui génère d’immenses gâchis humains et environnementaux et prive une part grandissante de la population du droit à une vie digne, au bien-vivre, à l’émancipation.

Ainsi en est-il par exemple de la contradiction entre la politique ambitieuse que nous menons pour développer le logement pour tou·te·s et les politiques libérales du pouvoir national aggravées par la montée en puissance de multinationales comme Airbnb dont l’action conduit à restreindre le nombre de logements disponibles pour les habitant·e·s de la capitale. En 19 ans, grâce à notre municipalité, 100 000 logements à loyer modéré ont été produits à destination des familles, des jeunes, des étudiant·e·s et des personnes âgées. Au total, 550 000 Parisien·ne·s, soit quasiment 1 sur 4, vivent en logement public. Dans la prochaine mandature, nous voulons protéger un nombre grandissant de Parisien·ne·s de la spéculation immobilière.

Aussi, en 2020, les Parisien·ne·s, nous toutes et tous, devront faire un choix.

Une victoire de La République en marche ou des autres forces de droite conduirait à livrer Paris à des attitudes prédatrices d’acteurs privés. Les conséquences sociales et environnementales seraient désastreuses. Nous ne voulons pas de la transformation de Paris en une ville déshumanisée, uniformisée, une ville dans laquelle des travailleurs·euses sont précarisés par les dérives de nouvelles plate-formes numériques, une ville réservée aux touristes fortuné·e·s, aux activités financières, aux Parisien·ne·s les plus riches et aux spéculateurs soucieux surtout de faire fructifier leur bien. Une ville qui consomme toujours plus sans aucun temps de respiration et d’apaisement, ni la nuit, ni le dimanche ou les jours fériés.

Nous proposons aux Parisien·ne·s une alternative : construire en commun le Paris de l’humain et de la planète.

Paris, capitale de la France, doit être la capitale de tou·te·s les Français·e·s, une ville qui soit « de lumière » et populaire à la fois, à l’image de la France, une ville pour toutes et tous, une ville faite pour et par celles et ceux qui y vivent et y travaillent, quels que soient leurs revenus et situation sociale.

Paris, ville qui a accueilli la COP 21 et qui accueillera les Jeux olympiques et Paralympiques en 2024, a une responsabilité particulière, du local au mondial, pour être à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique et pour la transition écologique. Une ville qui améliore la qualité de l’air, lutte contre toutes les pollutions et qui consomme mieux l’énergie pour que toutes et tous vivent mieux.

Par les communs, la proximité et les services publics, nous voulons redonner du pouvoir d’achat aux Parisien·ne·s et des perspectives d’avenir pour les générations futures. Nous voulons préserver notre environnement, restaurer la cohésion sociale et lutter contre toutes les formes d’exclusion.

Ces défis économiques, sociaux et environnementaux, c’est ensemble que nous pourrons les relever.

Aucune majorité n’y parviendra sans la mobilisation des forces de gauche et progressistes, ainsi que des énergies citoyennes. C’est le sens des premières initiatives politiques de rassemblement prises par différents partis de gauche ainsi que par l’association « Paris en commun » et le laboratoire d’idées « Le Paris de l’humain et de la planète ».

Parce que nous nous retrouvons dans les actions conduites et le bilan accompli depuis 2001 et plus encore depuis 2014, nous voulons franchir une nouvelle étape à gauche par le rassemblement de nos forces politiques autour d’une nouvelle ambition pour Paris et les Parisien·ne·s.

Aussi, nous décidons de prendre ensemble six engagements. Ces engagements ne résument pas l’ambition de chacune de nos forces politiques qui continueront de porter, pendant la campagne et tout au long de la mandature, l’ensemble de leur projet pour Paris. Ces engagements sont une base commune pour engager ensemble une nouvelle étape de la politique municipale avec les Parisien·ne·s. Nous pensons que l’existence de listes de large rassemblement dès le premier tour portant ces engagements montre notre capacité à constituer une majorité de gauche pour répondre aux besoins et aux aspirations des Parisien·ne·s.

Nos six engagements

  • Le Pari·s du logement pour toutes et tous

L’action de notre municipalité pour le logement de toutes et tous a été très offensive lors des précédents mandats et a permis à des dizaines de milliers de familles de continuer à se loger dans la capitale. Est-ce pour autant suffisant ? Non, à l’évidence. Car la spéculation immobilière n’est pas enrayée pour autant. Comme toutes les grandes métropoles du monde, Paris est confronté aux loyers chers et au prix exorbitant des logements en accession. Le défi à relever est d’autant plus redoutable que le foncier se raréfie. De moins en moins de terrains se prêtent à de nouvelles constructions. Paris est déjà une ville très dense. Elle est même la ville la plus dense d’Europe. Pour rendre Paris moins cher et plus accessible, il va donc falloir inventer et mettre en œuvre des outils nouveaux.

Ainsi, si nous poursuivrons la construction de logements sociaux, pour atteindre 26 % de logements sociaux en 2026 (30 000 supplémentaires sur la mandature) dans la perspective de 30 % de logements sociaux toutes catégories en 2030, nous décidons en outre d’augmenter le budget de la Foncière de la Ville de Paris et d’organiser un référendum à Paris sur quatre points pour une nouvelle étape de décentralisation des pouvoirs aux élu·e·s parisiens : le transfert du pouvoir de réquisition à la Ville de Paris ; le blocage des loyers ; l’augmentation de la taxation des résidences secondaires et des mesures de restriction des plateformes de location touristiques, y compris leur 3 interdiction localisée. Nous agirons pour arrêter le lancement de nouveaux projets de bureaux dans le centre et l’ouest de Paris et pour un Grand Paris qui instaure un moratoire sur la construction de bureaux à l’ouest de la capitale au profit d’un rééquilibrage. Nous engagerons la rénovation thermique de 30 000 logements sociaux et accompagnerons les dispositifs existant à destination des logements privés. Nous agirons pour dés-imperméabiliser de nouveaux espaces afin de lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain : cours d’écoles, espace public, toitures, …

  • Le Pari·s des services publics pour de nouvelles avancées sociales et écologiques

Répondre aux besoins des Parisien·ne·s et aux exigences écologiques implique de développer le service public dans tous les domaines. Parce qu’il ne peut y avoir de service public de qualité sans de bonnes conditions d’exercice de leurs missions par les agent·e·s, nous relancerons un grand plan de résorption de la précarité des personnels de la Ville.

Avant l’entrée en maternelle, les premières années de l’enfant sont cruciales pour son développement, nous pensons donc essentiel de poursuivre l’ambitieuse politique d’accueil de la Ville. Aussi, nous proposons le développement d’au moins 4 000 places en crèches.

De la maternelle à l’université, nous voulons agir pour l’école de l’égalité. Cela implique de développer la mixité sociale et scolaire. Nous poursuivrons dans ce but la modulation des dotations éducatives en fonction de la mixité sociale, étudierons l’évolution de la carte scolaire et la mise en œuvre de secteurs multicollèges. Nous agirons aussi pour que chaque enfant de l’école publique participe à au moins un voyage durant sa scolarité.

Pour assurer la protection et l’égalité de tous les enfants de Paris, nous agirons pour développer le service public en matière de jeunesse, d’adoption, d’aide sociale à l’enfance, de prévention de la délinquance, de droit aux vacances. Nous augmenterons le nombre d’hébergements pour les enfants victimes de violences, renforcerons les clubs de prévention, le nombre d’éducateurs et éducatrices de rue et les dispositifs d’accompagnement de l’ASE pour tou·te·s les mineur·e·s étranger·e·s ou non ainsi que les crédits dédiés aux colonies de vacances à travers le dispositif Vacances Arc-en-ciel et Vacances Paris jeunes.

Pour une politique ambitieuse de santé, nous nous opposerons aux fermetures de lits, de services et d’hôpitaux. Et nous agirons sur deux leviers : la création de 7 nouveaux centres de santé publics en secteur 1 et un travail avec l’APHP pour mettre en place dans les hôpitaux publics parisiens des consultations de médecine générale adultes et pédiatriques ouvertes sept jours sur sept avec et sans rendez-vous au tarif de secteur 1, sans dépassement et avec application du tiers payant.

En matière de transports, nous poursuivrons l’extension de la gratuité des transports à l’ensemble des jeunes de moins de 18 ans. Nous réserverons dès que possible une voie du périphérique dédiée au covoiturage, aux transports collectifs et aux véhicules propres de livraison. Nous dédierons 300 millions d’euros au plan vélo pour porter l’aménagement cyclable des grands axes parisiens, y compris le réseau vélopolitain proposé par les acteurs associatifs, en cohérence avec le schéma vélo métropolitain et le réseau express régional, ainsi que la poursuite de notre plan massif de création de places de stationnement. Enfin, nous lancerons une étude pour un nouveau projet de métro autour de Paris, visant à relier circulairement les lignes existantes, en 4 complémentarité avec le reste du réseau.

Nous créerons 20 nouveaux équipements publics, 10 à destination culturelle et 10 à destination sportive, là où les besoins sont identifiés, en particulier dans les quartiers populaires afin de poursuivre le rééquilibrage territorial. Nous mettrons en place une politique ambitieuse de préemption et de construction de lieux dédiés à la création et augmenterons significativement le budget consacré à la culture et au sport pour toutes et tous.

  • Le Pari·s de la relocalisation des activités et de l’alimentation durable

La Ville inscrira ses actions au-delà du rapprochement de l’offre et de la demande, pour développer une politique d’incitation audacieuse qui articule la lutte contre le chômage par la montée en compétences et qualification des personnes, tout en développant un nouveau type de partenariat avec les entreprises au service de progrès économiques, sociaux et environnementaux. Nous interviendrons auprès de la région afin que soit créé un Fonds régional pour l’emploi et la formation (FREF). Nous favoriserons l’émergence d’une économie décarbonnée et assise sur la création d’emplois non délocalisables. Ainsi, nous ouvrirons de nouveaux Ateliers de Paris dans des locaux à prix raisonnables, pour disposer d’espaces ressources, d’échanges et de partage, soutenir les nouvelles formes de production et d’organisation du travail, coopératives, fablabs, tiers lieux et développer une politique de consommation responsable autour du label Fabriqué à Paris. Les anciens tunnels de la gare inférieure de la Rapée dans la future Zac Bercy – Charenton seront consacrées à l’implantation de ces nouvelles activités.

Nous sommes également attaché·e·s à développer un service public de l’alimentation en circuit court. Nous voulons implanter des lieux qui permettent de distribuer une alimentation durable, saine et de saison, permettant une juste rémunération des producteurs·trices, en particulier dans les quartiers prioritaires parisiens. Dans le prolongement des premières halles alimentaires créées, nous mettrons en place une délégation à l’alimentation durable, pilotée par un·e adjoint·e, des services dédiés, et de nouvelles halles alimentaires dans tous les arrondissements présentant des quartiers prioritaires. Nous reprendrons en régie directe toutes les cantines scolaires et proposerons à terme 100 % de produits bio ou issus d’une agriculture durable (en circuit court, produits labellisés). Nous soutiendrons l’installation de nouveaux producteurs sur les zones de captage de l’eau de Paris, la création d’une nouvelle ceinture maraîchère autour de Paris et la création d’une légumerie municipale.

  • Le Pari·s de l’égalité

Conduire une politique publique d’égalité, de droits humains et de lutte contre les discriminations passe par des moyens pour l’éducation dès le plus jeune âge, par le soutien matériel et financier aux associations, par un changement de conception de l’espace public pour y inclure les femmes, ainsi qu’une élaboration du budget de la Ville qui prenne en compte l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les discriminations dans toutes ses délégations.

Pour répondre à l’exigence d’égalité femme-homme, nous agrandirons avec des services publics, développerons et donnerons des moyens publics à la Cité des droits des femmes et de l’égalité. Nous augmenterons le nombre de logements pour héberger les femmes victimes de violences et les jeunes LGBT+ en rupture familiale ou réfugiés LGBT+. Nous formerons les agent·e·s d’accueil de 5 tous les équipements publics de la Ville de Paris à l’accueil des personnes transgenres et des familles homoparentales. Les Mairies d’arrondissement seront adaptées pour repérer et orienter les citoyen.ne.s victimes de discriminations et un lieu spécifique sera créé pour les accompagner. Pour lutter contre les contrôles d’identité abusifs, nous agirons pour l’expérimentation de récépissés.

Le doublement du budget alloué à la délégation égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations et les droits humains permettra de développer de nouvelles actions sur l’ensemble du périmètre de cette délégation.

Nous voulons également promouvoir une ville accessible à toutes et tous et répondre aux besoins des dizaines de milliers de Parisien·ne·s en situation de handicap. Aussi, nous investirons massivement pour rendre accessibles les bâtiments et les logements de la Ville et nous exigerons d’IDF Mobilités un tel investissement pour améliorer très fortement l’accessibilité du réseau métro et RER.

  • Le Pari·s de la solidarité internationale et de l’accueil des migrant·e·s

La Ville de Paris construira tout au long de la mandature de nouveaux liens d’amitié et de coopération avec d’autres villes visant à la convergence de luttes et de projets locaux portant l’ambition d’une société solidaire, ouverte, pacifiste et internationaliste.

Pour relever le défi de l’accueil des migrant·e·s, en finir avec la situation indigne faite à des milliers de femmes et d’hommes dans le nord-est parisien, la Ville interviendra auprès de l’État pour la réquisition des immeubles vides et la création de nouveaux centres de premier accueil. Nous lancerons également un vaste plan contre le travail dissimulé et placerons les travailleurs·euses parisien·ne·s sous protection : toute personne qui travaille à Paris sera considérée comme un·e citoyen·ne de Paris et sera soutenue dans son parcours de régularisation.

  • Le Pari·s de l’investissement public et du renouveau démocratique

Pour de nouvelles avancées sociales et écologiques, nous prévoyons un plan d’investissement de la mandature de 9 milliards d’euros, dont 3 milliards pour notre politique de logement et 3 milliards pour notre politique écologique.

Pour un renouveau démocratique de notre ville, nous expérimenterons l’examen par le Conseil de Paris de délibérations d’initiative citoyenne. Nous créerons des commissions participatives et des groupes actions-projet pour toutes les délégations de la Ville afin de faire émerger des projets concrets. Nous créerons également des ateliers participatifs par quartiers, coorganisés par les habitant·e·s et la Ville pour accompagner les porteurs·euses de projet aux budgets participatifs. Enfin un conseil annuel de l’écologie sera mis en place pour les élèves parisien·ne·s, du CM2 à la terminale, afin qu’ils fassent chaque année le bilan en la matière à Paris et des préconisations.