Services publics à Paris : notre priorité pour les Parisien·nes
Leur sourire figé vous accueille dans le métro. Vous aurez reconnu les nouveaux personnages de carton de la RATP, symbole du mouvement de fond affectant nos services publics : moins de contact humain, disparition des guichets et agences, renvoi des usagers vers des automates ou des applications numériques. La question de l’accès de toutes et tous aux services publics de proximité est soulevée tant par les organisations syndicales que le mouvement social des gilets jaunes.
Paris ne fait pas exception : malgré sa densité, les services publics de proximité s’éloignent de leurs usagers. Dans le domaine de la santé, les restructurations visant à créer des Groupement Hospitaliers de Territoires à l’encontre des hôpitaux de proximité engendrent une spécialisation des structures ainsi qu’une suppression du nombre de lits qui restreignent l’égalité d’accès au service public de santé.
Du côté des transports publics, la RATP expérimente des gares et des stations de métro dans lesquelles la présence humaine d’agents est supprimée à certaines heures, sous prétexte d’une moindre affluence. C’est ce même prétexte que la SNCF brandit pour justifier la fermeture de ses boutiques. Pourtant leur chiffre d’affaires est bon et ne justifie pas la fin de ces structures de proximité.
EDF connaît la même évolution, ferme son réseau d’agence, au profit de la numérisation croissante des relations avec les usagers. Les organisations syndicales d’EDF s’y opposent, notamment en se réappropriant le bien public pour rouvrir ces agences. Et que dire de la politique de la Poste, qui a fermé à Paris près de 40 bureaux depuis 2014, les remplaçant par des «relais-poste» dans des commerces.
Le recours aux services dématérialisés ne peut remplacer le travail efficace des agents du service public. Le Défenseur des droits s’est d’ailleurs inquiété que le processus de dématérialisation puisse «se résumer à pallier la disparition des services publics sur certains territoires et à privilégier une approche budgétaire et comptable».
Il existe un dénominateur commun à tous ces reculs : les politiques libérales développées à l’échelon européen, comme à l’échelon national, position dogmatique qui vise à déréglementer et libéraliser les services publics avant leur privatisation. La gestion des services publics a été conduite par le seul prisme de la rentabilité financière au mépris de l’intérêt général et de l’efficacité socio-économique. Ce sont les libéraux qui poussent à transformer les usagers en clients et les services publics en entreprises rentables.
Nous réaffirmons que le service rendu par les services publics de proximité ne se mesure pas en termes financiers contrairement à ce que le Président de la République laisse penser dans sa lettre aux Français lorsqu’il demande : «Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers ? Voyez-vous à l’inverse des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ?»
Le maintien et le développement des services publics de proximité, c’est la condition de l’égal accès de tous les usagers aux services publics, pour tisser le lien social et garantir la cohésion des territoires. Pour y parvenir, il est nécessaire de garantir la présence d’agents publics auprès des usagers, et donc rompre avec les logiques libérales qui président aux directives européennes comme aux réformes impulsées par le gouvernement.
A l’heure où la question des inégalités vient percuter l’actualité, nous appelons à une grande mobilisation des élu·es et citoyen·nes pour la défense et l’extension des services publics de proximité à Paris !